Pourquoi parler de collapsalgie ?

La collapsalgie ou effondralgie : un nouveau langage pour un nouveau monde ?

C’est tout un ensemble d’expériences qui m’ont amenée à voir se matérialiser dans mon esprit, le terme de « collapsalgie ». Créer un mot pour créer un mot, cela n’a pas de sens, surtout dans la période de crise que nous traversons. Mon intention n’est pas non plus de venir alourdir une liste déjà importante de termes utilisés pour qualifier les ressentis actuels face à la dégradation de la planète. Il s’agit, au contraire, de proposer un terme qui aurait pour objectif de rassembler et non pas de venir diluer encore davantage l’existant

Pourquoi parler de collapsalgie ?

Le besoin du terme « collapsalgie » est, pour moi, né d’un manque qui s’est intensifié progressivement au fur et à mesure d’un travail de recherche. J’ai cherché à mieux comprendre ces nouvelles souffrances psychiques liées aux processus d’effondrement, pour pouvoir les accompagner dans mon métier de thérapeute. Deux écrits en sont issus : une enquête quantitative menée fin 2019 – L’éco-anxiétéqui a réuni plus de 1 200 témoignages et un mémoire clinique finalisé fin mars 2020 – Soutenir la vie quand le vivant s’effondre – réalisé dans le cadre de l’obtention du CEP (Certificat Européen de Psychothérapie).

J’ai tout d’abord commencé par alterner entre les termes d’éco-anxiété et de solastalgie. Il m’a fallu approfondir chacune de ces deux notions pour comprendre qu’elles n’étaient pas porteuses de la même signification et ne pouvaient être utilisées l’une pour l’autre. Pourquoi avoir deux mots s’il s’agit d’exprimer la même chose ? Le terme de « souffrances écologiques » de l’écopsychologue Jean-Pierre Le Danff m’a semblé plus pertinent. Je l’ai utilisé pendant quelques mois. Cette proposition ne retranscrivait cependant, pour moi, pas suffisamment, le facteur systémique et global, générateur de ces nouvelles souffrances. Ce qui est ressorti de l’enquête, ainsi que de ma pratique, c’est que les individus ne sont pas seulement concernés par le facteur environnemental. Ils sont aussi inquiets de tout un ensemble de phénomènes allant du contexte individuel jusqu’à la sphère géopolitique (voir proposition de classification de ces facteurs, l’enseignement #2, dans l’enquête menée sur l’éco-anxiété).

C’est, en filigrane, une crainte de l’effondrement général du système actuel qui se dessine chez mes patients et les personnes qui me contactent. Ils peuvent y entrer par différentes portes d’accès : la perte de la biodiversité, le réchauffement climatique, les inégalités sociales, la probable extinction de l’espèce humaine ou encore la crise sanitaire du Covid19, pour ne citer que quelques exemples. Ce que j’observe alors dans cette prise de conscience, c’est qu’un autre effondrement se vit, en miroir de celui qui se passe à l’extérieur. Il s’en suit un effondrement intérieur chez l’individu qui implique plusieurs dimensions : émotionnelle, psychique et physiologique. Pour essayer de retranscrire au mieux cette réalité dans mon processus d’écriture, j’ai choisi alors d’utiliser la périphrase suivante : « les nouvelles formes de détresses psychiques issues des processus d’effondrement en cours », qui prend en compte, pour moi, les deux notions d’éco-anxiété et de solastalgie. 

Au fur et à mesure de cette réflexion, s’est donc renforcé le manque du mot plus court qui était caché derrière cette périphrase. C’est de cette réflexion qu’a émergé la proposition de « collapsalgie ».

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